Dans la série des portraits « de surcharge mentale », voici celui d’Elodie, 38 ans, que l’on pourrait qualifier de « Mumpreneuse ».
Ce terme reflète bien sa réalité : à la fois maman et entrepreneuse, elle jongle chaque jour entre son rôle de mère et la gestion de son entreprise.
Le choix de la liberté… et ses illusions
Après une carrière brillante et sans encombre, Elodie a progressivement ressenti le besoin de liberté.
Elle s’est mise à rêver d’autonomie, de choix de projets, de création d’une activité qui lui ressemble vraiment.
Son objectif profond était aussi de consacrer davantage de temps à ses deux enfants, qu’elle avait parfois l’impression d’avoir vus grandir en accéléré, tant ses journées de salariée étaient rythmées par des contraintes.
Son mari, Jean-Christophe, cadre supérieur dans un grand groupe, passe beaucoup de temps en déplacement.
Fier d’elle, il l’encourage, mais reste peu présent au quotidien.
Elodie voyait dans son projet entrepreneurial une manière de rééquilibrer la dynamique familiale et de se sentir pleinement actrice d’une vie riche en partages.
Les premiers mois ont été euphoriques : la nouveauté, l’adrénaline de la création, le plaisir de développer une activité choisie.
Mais assez rapidement, la réalité a repris ses droits, bien plus exigeante qu’elle ne l’imaginait.
Quand la réalité rattrape les rêves
Créer une entreprise est bien plus que vendre un service ou un produit.
Elodie l’a découvert assez rapidement : choix du statut, comptabilité, démarches juridiques, prospection commerciale, développement de sa communication digitale… Autant de tâches annexes, chronophages et énergivores, qui viennent s’ajouter à son cœur de métier.
Elle se surprend parfois à travailler plus que son mari lui-même, enchaînant des journées interminables sans réelle frontière entre vie professionnelle et vie personnelle.
Là où elle espérait plus de souplesse et de liberté, elle se retrouve prise dans une forme d’engrenage.
Ses loisirs disparaissent progressivement et sa vie sociale s’étiole : elle voit de moins en moins ses amis, faute de temps, voire d’énergie.
Elle sent qu’un rééquilibrage est nécessaire, même si elle ne sait pas encore comment l’atteindre, car si elle ne travaille pas, elle ne génère pas de revenus.
Par-dessus tout elle refuse catégoriquement de dépendre financièrement de son époux, avec qui elle avait initialement défini une participation équitable de 50/50 dans la vie de famille.
Conserver cette indépendance financière est pour elle une question de dignité.
Or ce choix, qu’elle considère comme une valeur fondamentale, devient paradoxalement une source de pression supplémentaire : elle ne peut jamais se permettre de ralentir ou de faire moins…
Un quotidien sans répit
Ses journées sont devenues comparables à un marathon : préparer les enfants le matin, gérer les imprévus de l’école, traiter les mails urgents, gérer les factures professionnelles et familiales.
Elle veille également à planifier ses rendez-vous clients tout en pensant au repas du soir, aux activités à organiser pour le week-end… Chaque instant devient rempli d’obligations, visibles ou invisibles.
Quand la fatigue s’installe
Malgré son énergie et sa détermination, Elodie se rend compte que vouloir tout gérer seule finit par l’épuiser.
Ses nuits sont courtes, son sommeil devient agité, elle se sent tendue physiquement. Elle peine à se concentrer et l’irritabilité s’installe. Des conflits éclatent parfois avec ses proches, ce qui la plonge dans une grande culpabilité.
Le soir, quand la maison est enfin calme, elle ressent un mélange de tristesse et de découragement.
Elle repense parfois à son ancienne vie salariée : certes contraignante, mais plus stable financièrement, et surtout moins solitaire.
Aujourd’hui, elle se sent vulnérable, tiraillée entre son désir d’indépendance et le poids de toutes ses responsabilités.
Le poids des attentes
S’ajoute à cela une pression insidieuse : elle voudrait que son entreprise se développe plus vite, que les résultats soient visibles, que son chiffre d’affaires la sécurise.
Mais la réalité est plus lente. Et ce décalage entre ses attentes et ce qu’elle vit renforce encore son sentiment de ne pas être à la hauteur.
Quand les doutes prennent le dessus
Elodie se retrouve confrontée à des questions incessantes qui tournent en boucle dans son esprit :
- Sera-t-elle capable de mener son projet à bien ?
- Est-elle encore une « bonne mère » si elle n’est jamais totalement disponible pour ses enfants qui la réclament ?
- Son mari la soutiendra-t-il vraiment, ou risque-t-il de se lasser d’une compagne fatiguée et stressée ?
Ces pensées la minent autant, sinon plus, que le travail concret.
Et c’est là tout un mécanisme de la surcharge mentale qui se met en place. Il ne s’agit pas tant de quantité de choses à faire, mais plutôt d’un poids invisible de devoir tout penser, tout anticiper, tout gérer en même temps sans répit.
📊 Le saviez-vous ?
Selon l’étude Bpifrance « Données genrées 2025 », plus de la moitié des femmes entrepreneures (52%) identifient la charge mentale comme l’un des freins majeurs à leur activité, bien avant les contraintes économiques ou administratives.
Elodie n’est donc pas seule : son expérience est le miroir d’une réalité vécue par de nombreuses mumpreneuses.
Comment aider Elodie à sortir de ce déséquilibre ?
La situation d’Elodie n’est pourtant pas inextricable, des pistes existent pour l’aider
- Retrouver le dialogue
La première étape pour Elodie serait de partager ce qu’elle vit avec une personne de confiance, en particulier avec son mari ou un tiers neutre et bienveillant.
L’importance de pouvoir déposer son ressenti de solitude et ses craintes peut l’aider à y voir plus clair.
Elodie n’est pas seule à vivre cette situation et un réseau de pairs peut aussi l’aider à partager ses expériences pour identifier des bonnes pratiques auprès d’entrepreneuses plus expérimentées.
- Redonner confiance en son projet
Elodie doute beaucoup de ses compétences par rapport aux résultats qu’elle espérait rapides. Pourtant, son parcours prouve sa détermination et son savoir-faire.
Un travail d’auto-observation pourrait l’aider à reconnecter avec sa valeur tout en lui faisant redéfinir clairement sa mission professionnelle et son souhait initial de devenir entrepreneuse :
- Lister ses réussites,
- Noter les retours positifs de ses clients,
- Relire ses accomplissements passés …
- Apprendre à déléguer
Elodie n’a pas besoin de tout faire seule. Certaines tâches peuvent être externalisées : comptabilité, accompagnement en communication, ménage, livraison des courses.
Impliquer ses enfants dans des petites responsabilités familiales pourrait aussi alléger sa charge tout en les responsabilisant.Celui lui permettrait aussi de partager du temps avec eux.
- Prioriser et planifier
Vouloir tout réussir en même temps est illusoire. Chercher à aller trop vite renforce encore la pression psychologique.
Définir un plan d’actions précis, avec des objectifs réalistes et un planning associé, permet de regagner en clarté.
Chaque étape franchie dans le temps devient alors une victoire et non plus un fardeau, tout en sachant se retourner pour se féliciter du travail accompli.
Vers une nouvelle harmonie
L’histoire d’Elodie met en lumière une réalité fréquente : la surcharge mentale des femmes entrepreneures.
Elle illustre combien le rêve d’indépendance peut parfois se transformer en pression croissante si l’on n’apprend pas à poser des limites, à déléguer et à bien s’entourer.
Mais son portrait est aussi porteur d’espoir. La surcharge mentale n’est pas une fatalité.
Avec les bons ajustements et le bon soutien, il est possible de retrouver un équilibre entre ambitions professionnelles, vie de famille et sérénité.
La clé ? Oser parler, accepter ses limites, et construire un quotidien plus aligné avec ses priorités réelles.
Si vous vous reconnaissez dans l’histoire d’Elodie ou que vous connaissez quelqu’un qui vit la même situation qu’elle, sachez qu’il existe des solutions concrètes pour retrouver équilibre et énergie. C’est tout l’enjeu de mon accompagnement.
N’hésitez pas à venir le partager avec moi.