Aujourd’hui de nombreuses personnes se sentent concernées par la surcharge mentale, quels que soient l’âge, le genre, la situation familiale ou le milieu social.
Il ne s’agit pas seulement d’un concept abstrait ou d’un mot à la mode, c’est une réalité qui pèse sur les modes de vie, et parfois, le moral de beaucoup d’individus.
Elle se manifeste différemment selon les personnes :
- Pour certains, c’est le travail qui déborde et occupe l’espace mental,
- Pour d’autres, c’est la conciliation entre vie familiale et professionnelle qui devient écrasante,
- Pour d’autres encore, ce sont les responsabilités invisibles : s’occuper d’un proche, gérer les démarches administratives, rester constamment disponible…
En réalité, nous pouvons tous être concernés à un moment de notre vie. Mais comme ce fardeau est souvent invisible, il est difficile à reconnaître, à partager, à alléger.
Pour mieux comprendre ce phénomène, j’ai décidé de démarrer une série de portraits. Il ne s’agit que d’illustrations créées à des fins de mise en lumière. Toute ressemblance avec des personnes réelles serait une coïncidence.
Loin de tout jugement, mon intention est de souligner à quel point nous sommes tous concernés, à différents moments de nos vies, par une surcharge mentale qui peut devenir un véritable poids.
Mon enjeu est clair et essentiel : démontrer que la surcharge mentale n’est pas une fatalité.
En la considérant réellement, sans la négliger ou la nier, il est tout à fait possible de trouver des solutions pour aller vers un mieux-être.
Ce n’est pas un signe de faiblesse, mais une opportunité de mieux se comprendre et de réajuster sa vie.
Dans ce premier portrait, une jeune femme d’une quarantaine d’années, que nous appellerons Sophie, maman d’une petite fille de 3 ans.
Le saviez-vous ?
71 % des femmes salariées se déclarent en surcharge importante dans leur quotidien, selon le premier baromètre IFOP-NEWS RSE (avril 2025). De plus, 41 % d’entre elles se sentent régulièrement dépassées.
Sophie ou la quête de la perfection
Sophie a toujours consacré la majorité de son temps à ses études, puis à son travail.
L’évolution de sa carrière a longtemps été centrale pour elle, nourrie par un profond besoin de reconnaissance.
La maternité n’était pas une priorité à ses yeux.
Pourtant, quand elle rencontre Julien, un collègue tout aussi engagé professionnellement, son horizon évolue. Ils se trouvent brillants l’un et l’autre, se soutiennent mutuellement, et leur vie à deux devient une évidence.
Chacun est très pris par sa carrière, et leur appartement est souvent vide, mais leurs moments communs sont remplis d’activités qu’ils aiment partager.
Les années passent, et un jour, Sophie réalise que son horloge biologique s’accélère. À près de 40 ans, tiraillée entre son travail et cette nouvelle conscience, elle tombe enceinte. L’arrivée de son enfant va faire basculer sa vie, une transformation qu’elle ne mesure pas encore.
De deux, ils deviennent trois, mais Sophie n’arrive pas à changer ses priorités.
Son objectif est de rester « parfaite » en tout : au travail, à la maison et avec sa fille.
Elle pense que la réussite est d’atteindre l’excellence dans tous les domaines, sans compromis.
Pendant ce temps, Julien, de son côté, ne semble pas réaliser l’ampleur de la bascule que sa femme est en train de vivre. Il reste toujours aussi investi professionnellement, persuadé que leur vie d’avant peut continuer à l’identique.
Un quotidien millimétré
Petit à petit, Sophie commence à souffrir d’une fatigue accumulée, mais surtout d’un sentiment de solitude.
Le manque de sommeil et le rythme intense qu’elle s’impose pour tout gérer à la perfection deviennent une prison.
Elle se sent submergée par une multitude de tâches et de pensées, une surcharge mentale invisible qui s’ajoute à ses responsabilités professionnelles et à son rôle de mère.
Elle est la seule à penser aux rendez-vous médicaux, à anticiper les besoins de la crèche, à gérer le ménage, à planifier les repas, les courses, les activités de leur petite fille.
Chaque minute de sa journée est planifiée, remplie, et elle ne s’accorde jamais de moment de répit.
Quand la surcharge mentale frappe à la porte
Puis un jour, c’est le trop-plein.
Le corps et l’esprit lâchent. Sophie craque, sans comprendre réellement d’où vient cette détresse. Elle se sent, d’un coup, totalement délaissée, seule dans cet appartement où son mari ne rentre que tard le soir, exténué lui aussi.
Elle se retrouve en charge de trop de choses à penser et à gérer seule, et commence à douter de sa propre valeur.
Elle s’imagine ne plus être à la hauteur. Elle se sent comme une mauvaise mère, perd pied au travail et dans sa vie sociale.
Elle ne veut pas s’avouer qu’elle a besoin d’aide, car cela signifierait qu’elle n’est pas « parfaite », une idée qui va à l’encontre de tout ce qu’elle a construit.
Des phrases comme « Je ne suis pas assez… » commencent à affluer, et sa confiance en elle s’effrite. La tristesse l’envahit et elle ne sait plus comment faire pour sortir de cet enfermement.
Comment aider Sophie à s’en sortir ?
Le portrait de Sophie est un miroir pour beaucoup de femmes actives qui tentent de jongler entre vie professionnelle, maternité et vie de couple.
Pour elle, il n’est pas simple de s’en sortir seule, mais plusieurs pistes de réflexion peuvent lui offrir un chemin vers le mieux-être.
Une aide extérieure, qu’elle soit amicale ou professionnelle, peut devenir une ressource précieuse.
- Rétablir une communication authentique
Le premier grand défi de Sophie est de savoir comment communiquer avec son entourage, et notamment avec Julien.
Son mari, qui ne semble pas avoir pris conscience de la nouvelle situation, est une part de la solution.
Elle doit trouver le courage de s’exprimer sans accuser. Il ne s’agit pas de lui reprocher son investissement professionnel, mais de lui expliquer ce qu’elle ressent.
Des phrases comme « Je me sens submergée et j’ai besoin de ton aide » sont bien plus constructives qu’une critique.
En ouvrant la discussion sur une base de collaboration, le couple pourra trouver un nouvel équilibre et répartir équitablement la charge mentale.
- Apprendre à déléguer et à prioriser
La soif de perfection de Sophie l’empêche de déléguer, de demander de l’aide et de se prioriser. Pour elle, qui a toujours tout géré seule, lâcher prise est un véritable challenge.
Pourtant, c’est une étape essentielle pour alléger son fardeau.
Déléguer les tâches ménagères, les courses, ou même certaines responsabilités parentales à Julien, ou externaliser certaines tâches, peut faire une énorme différence.
Prioriser ne veut pas dire tout laisser tomber, mais identifier ce qui est vraiment essentiel et ce qui peut être mis de côté. Parfois, un dîner simple ou un appartement moins impeccable sont le prix à payer pour retrouver son énergie.
- Questionner les croyances et les peurs
Pourquoi Sophie a-t-elle si peur de ne pas être à la hauteur ?
D’où viennent ces phrases comme « je ne suis pas assez… » ?
Souvent, la surcharge mentale est nourrie par des croyances profondes sur ce que l’on doit être ou faire.
La pression sociale qui nous pousse à être de « super-mères », de « super-travailleuses », et de « super-épouses » est une source de stress constante.
Pour Sophie, il est vital de questionner ses croyances pour ne plus les laisser l’assaillir.
Un travail d’introspection ou l’accompagnement d’un professionnel peut l’aider à comprendre que sa valeur ne se mesure pas à sa capacité à être parfaite, mais à sa capacité à être elle-même, avec ses faiblesses et ses forces.
La clé : oser parler pour agir
Le portrait de Sophie nous montre à quel point la surcharge mentale est un problème complexe et multifactoriel.
Il illustre une réalité vécue par de nombreuses femmes actives. Mais au-delà de son histoire, la surcharge mentale peut concerner chacun de nous, hommes comme femmes, jeunes ou moins jeunes, à différents moments de nos vies.
La clé est de ne pas laisser cette surcharge s’installer au point de nous enfermer.
Il est vital de faire signe, de parler, et de dialoguer en toute honnêteté avec soi-même et avec son entourage pour que la surcharge n’impacte pas davantage le quotidien.
L’objectif n’est pas de tout contrôler, mais de retrouver une harmonie et une sérénité dans sa vie. La surcharge mentale n’est pas une fatalité. L’aide existe, il suffit d’oser la demander.
Vous reconnaissez-vous dans ce portrait ? Si c’est le cas vous n’êtes plus seul.e.
En parler avec un professionnel peut vous aider à retrouver équilibre et sérénité.
Si vous souhaitez en échanger avec moi n’hésitez pas à me contacter.
Vers d’autres visages de la surcharge mentale
Dans les prochains portraits, nous irons à la rencontre d’autres visages de la surcharge mentale… Autant de situations différentes qui nous rappellent que ce fardeau invisible prend mille formes.